Pourquoi je ne dis rien à mes parents
J'arrive bien tard aujourd'hui parce qu'hier en discutant avec Laurent ( http://laurentfourphotographie.com/ ) il a réussi à me convaincre de lire un livre et ce matin je n'ai pas résisté à l'envie d' aller faire un tour à la librairie.
Evidemment comme j'habite dans une ville ou on ne trouve rien, j'ai été obligée de le commander et il faudra que je me souvienne qu'il faut que je retourne le chercher...
J'en ai profité pour faire un peu de shopping, ce qui m'a permis de constater que j'habitais bien dans une ville ou il n'y a rien, mais comme j'étais super désoeuvrée, j'ai quand même trouvé des trucs à acheter.
Pour en revenir aux rapports avec ma mère, c'est juste pour l'épargner que je fais en sorte de me taire. Je la connais beaucoup trop puisque j'ai passée les 4 premières années de ma vie avec elle et avec sa dépression.
J'ai eu la chance et la malchance en même temps d'avoir une enfance très heureuse et j'avais un peu l'impression de vivre à Disneyland. Et c'est pour cette raison que je suis restée un peu dans l'enfance, ma mère étant couturière, je dessinais les vêtements et elle me les fabriquait. Nous faisions ensemble tout un tas de choses et ma mère jouait beaucoup avec moi parce qu'elle voulait que j'ai tout ce dont elle avait manqué durant son enfance.
En grandissant, j'ai gardé mon âme d'enfant, le monde des adultes étant beaucoup trop triste pour moi.
Ma mère elle, a gardé son âme de déprimée et continué à faire quelques séjours en maison de repose ou elle recevait des électrochocs deux fois par semaine.
Un jour elle est revenue, et personne n'a comprit pourquoi un matin elle ne se levait pas.
Personne sauf moi, parce que je connaissais trop bien ma mère pour comprendre qu'elle ne se levait pas parce qu'elle avait voulu mourir. je me suis précipitée dans sa chambre et j'ai appelé le samu. Son acte ne m'a pas perturbé parce que je savais déjà ce que voulait dire avoir envie de mourir, ne plus pouvoir imaginer plus loin que la minute suivante, pas vraiment envie de mourir, tout simplement las de vivre et ne plus ressentir ni émotion positive, ni négative. Juste envie de se mettre en veille.
Mais quand c'est arrivé, je ne savais pas si ma mère souhaitait mourir ou bien si c'était juste un appel au secours. Dans le premier cas je n'aurai peut-être pas appelé les secours parce que cela aurait voulu dire que j'agissais par égoïsme pour garder ma mère. Je ne peux pas en vouloir à quelqu'un qui veut se tuer. C'est son choix et il y a des choses trop difficiles à vivre qui peuvent nous pousser à l'acte irréparable. Mais si les gens savaient à quel point on souffre quand on fait ça, ils nous laisseraient mourir.
Et quand je vois ce que vit ma mère et la façon dont elle subit cette vie, je sais que ce jour là elle voulait vraiment tout arrêter. Elle n'est plus rien, elle attend.
Aujourd'hui, je ne dis rien à mes parents pour ne pas la faire souffrir. Elle ne vit que par moi, ce que je fais, ce que je suis. Elle n'intervient jamais dans ma vie, ne me donne jamais d'avis, ne me critique jamais, ne me donne pas de conseils, ne me soutient pas parce qu'elle n'en est pas capable et elle deviendrait pour moi plus un fardeau plutôt qu'un soutien.
Je n'ai pas de problèmes relationnels avec mes parents. Je prends ce qu'ils me donnent, ils n'attendent rien de moi et je n'attends rien d'eux. On passe de très bons moments ensemble, on partage aussi de très mauvais moments comme l'opération de coeur de mon père il y a quelques années. Si ils ont besoin je suis là et inversement. Je peux partager certaines choses avec mes parents, comme mon divorce, parce qu'un divorce ne dure qu'un temps et en général plus on approche de la fin et plus c'est joyeux, pour une maladie qui ne guérit pas et qui évolue, c'est quelquechose de trop difficile à faire supporter à ses parents. Parce que dans l'ordre des choses, les parents meurent avant leurs enfants. Je garderais ma narco jusqu'au bout et je ne veux pas voir du desespoir et de la pitié pour moi dans les yeux de mes parents.
C'est aussi pour ça que j'ai ce blog, pour venir y chercher le soutien dont j'ai besoin et que vous me donnez chaque jour. Je ne veux pas faire subir ma maladie à mes proches, leur imposer. Pour vous, lorsque les plaintes du Caliméro que je suis deviennent trop pesantes il vous suffit de cliquer et de passer à autre chose. Pour ceux qui vivent avec moi c'est différent ils ne peuvent pas cliquer, au mieux ils peuvent me claquer...